Introduction
L'éducation est un aspect important dans notre
religion, pour ne pas dire le plus important ; elle est le fondement, la base
même sur laquelle notre communauté va se reposer pour se constituer et se
reconstituer, par la transmission de nos valeurs et nos principes aux
générations à venir.
Malheureusement, si nous observons
autour de nous, nous remarquons qu'il existe des lacunes relationnelles chez
bon nombre d'entre nous (le non-respect de l'enfant, la dissimulation des sentiments,
le manque de communication, le non-respect à l'égard des parents et des
éducateurs en général), faute à l'ignorance, sans doute. C'est pourquoi, en
qualité de parents, de frères et de soeurs aînés mais aussi d'éducateurs,
instruisons-nous, imprégnons-nous correctement de notre Din ( religion ) et
transmettons notre savoir à nos enfants, nos petits frères et soeurs, nos
élèves. Faisons en sorte qu'il y ait communication, respect, ouverture entre
nous, qu'il y ait une vraie transmission des savoirs, et qu'il y ait aussi du
respect, et de la gratitude envers nos aînés, qui sont nos parents, nos
éducateurs, ce sera là un signe d'un établissement de bonnes relations
éducationnelles dans notre Oumma.
I- Définition de l'éducation vu par l'islam
1) Définition de la tarbiya ou l'éducation
Louis Gardet définit l'éducation ainsi : « La « tarbiya », «
l'éducation » évoque le sens général de « cultiver », « faire croître », si
bien que ce terme appliqué au règne animal, signifie également « élevage » tarbiyat
el hayawan. Quand il désigne l'éducation humaine, il a 2 synonymes approchés :
Ta'adib, éduquer sans doute, mais en corrigeant, en disciplinant, et surtout
tahdib, éduquer, former, avec une idée première d'émonder ou de polir »
Nous retrouvons une définition un peu plus précise et
complémentaire à la première chez Hassan Amdouni, impliquant au premier
abord la notion de faire grandir en « alimentant l'enfant d'eau et de
nourriture jusqu'à ce que son corps se soit développé », en second lieu, il
élargit la définition avec l'expression "nourrit la raison, les sentiments
de l'âme dans le but de parfaire et de perfectionner la personnalité." Et
l'auteur de conclure que "l'islam prône une éducation homogène de toutes
les entités de l'Homme : son corps, sa raison, son esprit, ses instincts et ses
sentiments, en combinant harmonieusement les nécessités de la vie d'ici-bas
avec les aspirations à la
Vraie Vie de L'Au-delà"
En effet, ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est
l'inculcation de la notion de bien et de mal relative à la notion du jugement
dernier. Très jeune, l'enfant comprend qu'il y aura la vie après la mort et
qu'il y aura rétribution ou châtiments selon les actes commis dans la dunyia,
la vie d'ici-bas. Une fois responsable, l'adolescent saura agir en connaissance
de cause ; selon un hadith, « l'homme doit agir comme s'il allait vivre
éternellement, mais aussi comme s'il allait mourir le lendemain. Son action la
plus banale doit comporter cette association » [ cité par Ben Hadj Salah Rachid
]
2) L'importance d'une éducation religieuse dès le
bas âge
De façon globale, dans la pensée islamique, l'éducation est
fortement marquée par une empreinte religieuse. Cette éducation consiste
essentiellement à transmettre à l'enfant, dès son plus jeune âge, deux valeurs
fondamentales : la foi et la connaissance que comporte la révélation coranique.
« La vérité religieuse et la vérité morale, sont indissociablement liées, et il
ne serait y avoir d'éducation valable sans une formation de ce genre » [ cité
par Dominique Sourdel ]
A la lecture de différents pédagogues arabo-musulmans, ce qui
domine lorsqu'ils évoquent le thème de l'éducation, c'est l'idée de modelage de
l'âme, qui doit être effectué dès la plus tendre enfance.
C'est ainsi que El Ghazali philosophe arabe du 12ème siècle, affirme que
« l'enfant est un dépôt confié aux parents, son âme pure est une substance
précieuse, innocente, dépouillée de toute inscription ou image. Elle reçoit
tout ce qu'on y grave, elle s'incline là où on l'incline » [ cité par Gardet ]
Ibn Khaldun va dans le même sens en affirmant qu'apprendre
pendant le jeune âge, c'est comme graver sur du marbre. En effet, rien ne
s'enracine plus fortement dans l'esprit que ce qu'on a appris dans son enfance
: tout le reste se construira là-dessus.»
Pour Iwan El Safa, l'inculcation des valeurs
religieuses (impliquant les valeurs sociales et morales) dès la première
enfance revient en quelque sorte à modeler l'âme, nafs, « en considérant que
l'âme et ses facultés de pensées, afkar al nufus, avant que l'on y inculque une
connaissance quelle qu'elle soit, est semblable à une page vierge. Si on
y inscrit le vrai, el hak, l'âme en sera remplie, et il n'y aura plus de place
pour le faux, el batl, qui sera rejeté systématiquement par elle. Ainsi, ce qui
a été inculqué, refusera toute idée contraire » [ cité par Ben Hadj Salah
Rachid ]
II-Quelques
principes formels d'éducation selon la
Sunna et le Coran
Au temps de
l'Arabie de la jahiliya ou de l'ignorance, c'est à dire avant l'avènement de
l'islam, le peuple Arabe était un peuple rude et inculte, «quant à la vie
morale, elle était pratiquement inconnue (...) les hommes s'abandonnaient sans
retenue à leurs penchants » [ Cité par D. Sourdel ], si bien que l'une des
préoccupations premières du Prophète Mohamed était de réformer la société dans laquelle il
vivait au moyen de l'éducation. D'ailleurs, il ne cessait de dire qu'Allah
l'avait envoyé comme un mu'allim ou enseignant.
Le Coran conforte cette idée en affirmant dans la sourate la
vache : { Notre Seigneur ! Envoie leur un prophète pris parmi eux : il leur
récitera Tes Versets, il leur enseignera le Livre de la Sagesse } [ Sourate 2 -
Verset 129 ]
Le tout est de savoir comment le Prophète Mohameds'y prenait-il pour éduquer ces Arabes, cela
afin d'emprunter ses principes et de les appliquer, dans la mesure du possible,
à l'enfant. D'autre part, pour tirer de la lecture du Coran des principes
d'éducation, il faut continuellement interpréter, extrapoler pour les appliquer
distinctement à l'éducation de l'enfant. C'est donc de cette extrapolation, que
nous allons tenter d'établir des principes d'éducation selon la pensée
islamique.
Principe de l'éducation progressive ou par étapes
Au moment de la
révélation, la méthode principale du Coran pour éduquer les Arabes était
d'utiliser la méthode progressive. Le Coran ayant été révélé par fragments, les
interdictions sont établies par étapes, afin de ne pas s'opposer aux plus
récalcitrants, donc il fallait préparer les esprits. Dans La Morale du Coran, Draz
expose cette analyse : « Cette haute sagesse législative, les infidèles
du temps du Prophète ne l'avaient pas bien comprise.
{
C'est pourquoi le Coran ne lui-a-t-il (Mohammed) pas été envoyé d'un seul corps
}
[ Sourate 25 - Verset 32 ].
[ Sourate 25 - Verset 32 ].
Le même verset qui rapporte cette objection poursuit en y
apportant la réponse :
{
Nous (sous-entendu Allah) faisons ainsi, pour fortifier ton coeur }
[ Sourate 25 - Verset 32 ].
[ Sourate 25 - Verset 32 ].
Et dans un autre passage, nous lisons une seconde explication
:
{
afin que tu l'enseignes aux hommes par étapes lentes et progressives }
[ Sourate 17 - Verset 106]
[ Sourate 17 - Verset 106]
De la même manière que les interdictions ont été imposées par
étapes, les obligations ont été inculquées dans le temps. Et ceci comme
exemple, le Prophète lui-même recommandait d'enseigner la prière
à l'enfant dès l'âge de sept ans, bien que la prière ne fût obligatoire
qu'à partir de la puberté. Il a permis en l'occurrence, de "taper"
l'enfant, à partir de dix ans, si la persuasion n'obtenait pas un résultat
satisfaisant.
Principe d'un enseignement selon les capacités
intellectuelles et physiques des "apprenants".
Enseigner la
science religieuse ou non, à un peuple aussi hétéroclite qu'était le peuple
Arabe, nécessitait sans aucun doute de l'agilité et le la perspicacité, car il
y avait des gens de tout âge, de toutes conditions sociale, intellectuelle, et
physique, il fallait donc considérer tous ces paramètres pour rendre un
enseignement adapté à chacun. Voici par exemple un hadith traduisant cette
esprit :
Abou-Mas'oud El Ansari a dit : « Un homme s'écria : « O Envoyé
d'Allah, je puis à peine achever la prière, tant un tel nous la fait durer
longtemps». Jamais dans un prône je n'ai vu le Prophèteentrer dans une colère plus violente que ce
jour-là : « O gens, s'écria-t-il, vous arriverez à faire déserter la prière.
Que celui qui dirige les fidèles dans la prière, la leur rende légère, car il y
a parmi eux des malades, des gens affaiblis et d'autres qui on des occupations
». [ Rapporté par Boukhari ]
Remarquons la méthode employé par le Prophète Mohammed quant aux remontrances ; bien qu'il
connaissait l'identité du fautif, il ne l'a pas nommé pour ne pas l'humilier
publiquement. L'autre souci du Prophète était de rendre accessible son enseignement.
Et pour ce faire, il l'exposait le plus simplement possible, pour que le plus
grand nombre de gens puisse en bénéficier. C'est dans ce sens qu'il a dit : «
Calmez, n'effarouchez pas, simplifiez, ne compliquez pas » [ Rapporté par El
Shaykhani ]
D'après Anas le Prophète a dit « Rendez la voie facile et
non difficile. Annoncez des choses agréables et n'effrayez pas votre auditoire
» [Rapporté par Boukhari ]
Principe de non contrainte
Un des principes
fondamentaux qui ont régi la relation entre celui qui sait et celui qui ne sait
pas (en matière religieuse), c'est bien l'éducation sans violence, sans
contrainte, car on ne peut s'approprier la conscience de l'autre, on ne peut
s'approprier sa pensée (bâtie ou non). La méthode prônée par l'islam via la Sunna et le Coran, est bien
la non contrainte c'est ainsi qu'il est dit dans le Coran, et répété à
plusieurs reprises :
{ Nulle contrainte ne doit avoir lieu en matière de foi } [
Sourate 2 - Verset 256 ]
Appliquons cela à l'enfant, il va sans dire que l'adulte
ayant à sa charge l'éducation d'un enfant, peut se heurter à un refus exprimé
par ce dernier, mais il ne peut en aucun cas lui imposer sa volonté par la
violence (colère, coups physiques.), l'enfant n'en comprendrait pas plus le
bien fondé de l'enseignement. Par conséquent, le seul moyen, à défaut d'être
brutal, est d'une part l'éducation progressive, et d'autre part la douceur.
Principe de douceur et de patience
{ O Prophète ! c'est par la grâce d'Allah que tu es doux et
débonnaire.Si tu étais violent et d'un cour endurci, ils se seraient détachés
de toi. Sois donc indulgent pour eux, sollicite la clémence d'Allah en leur
faveur, et consulte-les dans les affaires } [ Sourate 3 - Verset 159 ]
Cet extrait du Coran souligne en quelques sorte, les qualités
élémentaires du bon éducateur ; la non-violence d'un côté (qu'elle soit
physique ou psychologique), et la douceur de l'autre, et j'ajouterai la
patience, car la patience permet un enseignement plus approfondi et plus suivi,
car plus agréable pour l'une et l'autre des deux parties. Nous pouvons lire
également dans le Coran que :
{ Les serviteurs du Miséricordieux sont ceux qui marchent (se
comportent) avec modestie et douceur sur terre }
[ Sourate 25 - Verset 33 ]
[ Sourate 25 - Verset 33 ]
Seydou Cissé affirme que l'on exige (en islam) du professeur
ces qualités : « être patient avec ses élèves, avoir la maîtrise de soi,
réprimer sa colère. Dans la philosophie de l'éducation musulmane est véhiculée
cette idée : apprendre, c'est être patient. On n'apprend rien dans la
précipitation ; apprendre, c'est suspendre pour un temps son jugement ».
Le Coran va dans ce sens puisqu'il évoque aussi la maîtrise
de soi, la contenance de la colère, et condamne fortement l'élévation de la
voix. Voici ce qu'il en est :
{ Allah n'aime pas qu'on élève la voix en propos injurieux.
Il ne le tolère que si l'on est victime d'une injustice }
[ Sourate 4 - Versets 148-149 ]
[ Sourate 4 - Versets 148-149 ]
{ (O Prophète), recommande à mes serviteurs d'employer les
paroles les plus douces ; autrement, Satan sèmerait la discorde parmi eux.
Satan est pour l'homme un ennemi déclaré } [ Sourate 17 - Verset 53 ]
{ Cherche à modérer ton pas et à baisser un peu ta voix, rien
n'est plus désagréable que le braiement de l'âne }
[ Sourate 31 - Verset 19 ]
[ Sourate 31 - Verset 19 ]
Pour conclure ce point, nous rapporterons une parole
prophétique :
« La douceur, c'est la délicatesse, c'est l'abord facile,
c'est la négation de la violence » « Toutes les fois qu'une chose est faite
avec douceur, elle n'en est que plus belle » [ Rapporté par Ahmad,
d'après Ibn Umar ]
Principe de répétition
Là encore, soucieux
de se faire comprendre, le prophète Mohammed avait pour habitude d'utiliser la répétition
en toutes occasions, principalement dans son prêche. D'autre part, chaque fois
qu'il donnait un enseignement, il n'hésitait pas à formuler cette même question
: « ai-je atteint le but (de me faire comprendre) ? Voici le hadith évoquant ce
principe : D'après Anas : Chaque fois que le Prophèteprononçait des paroles, il les répétait 3
fois afin qu'on le comprît (mieux). Quand il se rendait chez quelqu'un et qu'il
voulait le saluer, il le saluait 3 fois. » [ Rapporté par El Bukhari ]
Principe d'émulation
Dans le Coran,
Allah invite les croyants à « rivaliser pour le
meilleur », tout en faisant de leur mieux, ceci pour une amélioration constante
de la société dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine social,
économique, ou moral, chacun devra pourvoir faire mieux que son frère, dans la
limite de ses possibilités : { Chacun a sa direction préférée vers laquelle il
se dirige, quant à vous, rivalisez pour le meilleur } [ Sourate 2 - Verset 148
]
A une échelle plus réduite, à l'école ou au sein de la
famille, l'émulation est aussi de rigueur, car d'après la pensée islamique,
elle ne peut engendrer qu'un intérêt vif, pour l'objet de l'étude, par exemple,
et un respect plus développé pour les congénères, les parents, ou les
éducateurs, en général.
Principe de communication du savoir
D'après l'idéologie
musulmane, toute connaissance est considérée comme sacrée, c'est à dire émanant
directement de l'essence divine : { C'est Allah qui vous instruit, et Il est
instruit en toute chose } [ Sourate 2 - Verset 282 ]
Le savoir est considéré par les musulmans comme une richesse
incommensurable pour les êtres doués de raison que nous sommes. En allant à la
poursuite de la science, l'individu se rapproche de l'univers, donc d'Allah . Par conséquent, faire obstacle à cette
connaissance, est considéré comme un mal absolu. A cet égard Mohammed a dit : « Quiconque cache une science
à celui qui la cherche, aura comme punition une bride de feu dans sa bouche le
jour du Jugement Dernier »
A titre d'exemple, cela pourrait s'appliquer au professeur
éludant les questions de ses élèves, ou donnant délibérément de mauvaises
informations, voulant ainsi s'approprier le savoir. Par conséquent, il est de
rigueur de diffuser cette science en toute occasion, pour qu'un plus grand
nombre de gens s'en imprègnent, et la diffusent à leur tour, ceci pour
favoriser la culture musulmane .
Principe d'équité
La législation de
l'islam est entièrement fondée sur le principe de justice sans les rapports
humains, et donc la justice non observée est fortement condamnée sans le Coran
et dans les hadiths. A titre d'exemple, voici ce qu'il en est dit : « Allah vous commande de restituer le dépôt à qui il
appartient, et quand vous êtes appelés à juger entre les hommes, de le faire
avec équité. C'est là une bonne éducation qu'Allah vous donne. Allah est tout ouïe et tout vue »
Tant le concept de justice est important, le Coran n'hésite
pas à citer les différents cas de figures dans lesquels pourrait naître
l'iniquité entre les hommes. Il est donc demandé au Prophète « d'ordonner aux hommes de considérer la
justice comme fondement de toutes leurs actions et d'observer toujours le
droit, en dépit de tout obstacle, même à l'encontre de leurs propres personnes
ou de celle de leurs proches, de ne jamais fuir la justice, même quand
l'inimitié les oppose à autrui » [Cité par Al-Munadjid].
Principe de respect
Ce principe doit
être établi dans la relation à l'autre en toute circonstance, et sans retenu ;
que ce soit pour celui qui recherche le savoir, et ceci sans distinction du
statut de l'individu (pauvre ou riche, enfant ou adulte, noir ou blanc), ou
bien pour celui qui détient la science et qui la diffuse (les parents, les
imams, les enseignants, les éducateurs en général). C'est ainsi que nous
pouvons lire dans le Coran :
{
O Messager, divulgue ce que ton Maître t'a révélé. Ne repousse point celui qui
t'interroge,
et répands (la science que tu as reçue par la grâce de ton Maître) } [ Sourate 93 - Versets 10-11 ]
et répands (la science que tu as reçue par la grâce de ton Maître) } [ Sourate 93 - Versets 10-11 ]
Les versets qui vont suivre, attribuent une grande importance
au respect que chaque musulman se doit de démontrer aux hommes de science.
Ainsi est condamné le fait de couvrir délibérément la voix de ceux qui prêchent
ou qui enseignent :
{ Croyant, ne couvrez jamais de votre voix celle du Prophète
(...) } [ Sourate 49 - Versets 2-4 ]
Il est recommandé de faire de la place (dans un cercle d'étude
par exemple aux nouveaux arrivants [ceux qui veulent apprendre], c'est là une
marque de bienvenue et de mise en confiance, il est également recommandé de se
lever (devant l'enseignant), marque de profond respect pour celui qui détient
la sagesse :
{ Croyants lorsqu'au cours d'une réunion on vous dit : «
Faîtes de la place », faîtes-en. Allah vous donnera un espace immense (dans le
ciel). Lorsqu'on vous commande de vous lever, levez-vous } [Sourate 58 - Verset
11 ]
Un autre point nous semble important à signaler ; c'est le
rejet de la moquerie par le Coran. En effet, un enseignant peut très bien faire
ouvertement des railleries intempestives à ses élèves ou à un élève en
particulier, les mettent ainsi dans l'embarras. Voici ce qu'on peut y lire sourate
49, verset 11 :
{ Croyants, que les hommes ne se moquent point les uns des
autres : il se peut que ceux qui font l'objet de vos railleries soient mieux
que leurs calomniateurs (...) } [ Sourate 49 - Verset 11 ]
Principe de modération
Concernant la
modération, le Coran et la Sunna
la recommandent à maintes occasions, car elle est le fondement absolu d'une
pratique et d'une croyance en accord avec l'individu. Le Prophète lui-même a déclaré à son peuple «vous êtes la
communauté du juste milieu » leur bannissant ainsi tout excès dans leurs
actions.
Par rapport à la modération dans l'éducation qu'elle soit
religieuse ou non, puisque l'islam ne fait pas la différence, voici l'opinion
du Prophète : « rendez la religion facile, ne la rendez
pas difficile et n'en effrayez personne ». En d'autres termes, pour celui qui
détient la science (religieuse), il devra l'enseigner en s'armant de patience,
d'indulgence, de perspicacité ; il devra user de divers moyens afin de la faire
comprendre selon la capacité intellectuelle de son interlocuteur, en somme, il
ne devra pas exiger l'impossible de l'autre pour ne pas le décourager.
Principe de conformité des actes à la parole
Ce principe est
primordial dans l'établissement d'une relation éducative entre le savant et le
non savant, entre l'adulte et l'enfant, car il renvoie à une idée d'une
éducation basée sur le visuel, sur l'exemple donné. En effet, d'après la
conception islamique l'action prédomine sur la parole, dans la mesure où elle
est du domaine du réel. C'est pourquoi une science sans pratique est tout à
fait condamnable. Al Ghazali va tout à fait dans ce sens en disant
que " le professeur doit appliquer son savoir, et ses actions ne
doivent pas démentir ses paroles."
Principe du bon exemple
Notons que
Mohammed, hormis sa mission de Messager et de Prophète d'Allah, avait pour
objectif de donner l'exemple aux hommes qui voulaient le suivre, mais il
représente aussi pour le enfants le parfait modèle de par ses qualités, ses
actions, ses paroles. Par conséquent, lorsque l'on éduque les enfants selon
l'islam, la référence au Prophèteest constante.
{
Vous avez dans la personne du Prophète un bel exemple,
pour qui espère en Allah et croit au jour du Jugement Dernier. }
[ Sourate 33 - Verset 21 ]
pour qui espère en Allah et croit au jour du Jugement Dernier. }
[ Sourate 33 - Verset 21 ]
Il incombe également aux parents d'être des exemples pour
leurs enfants, car ils sont considérés comme étant les délégués du Prophète sur
terre. Ils ont le devoir de revêtir cette lourde responsabilité en étant des
modèles pour leurs enfants.
Principe de discipline
Dans un
prolongement de l'idée précédente, il y a obligation pour les croyants d'obéir
à Allah , à l'Envoyé, et à tous ceux qui détiennent
l'autorité, qu'elle soit permanente ou temporaire. Le Coran indique ceci :
{
Croyants, obéissez à Allah, Obéissez au Prophète et à tous ceux d'entre vous
qui exercent l'autorité }
[ Sourate 4 - Verset 59 ]
[ Sourate 4 - Verset 59 ]
La désobéissance de cette règle là implique, bien évidemment
des sanctions ; il y a tout d'abord des sanctions physiques imposées
directement par ceux qui détiennent l'autorité, ensuite il y a la sanction
divine qui est inculquée dès le plus jeune âge, et qui a une action plus forte
que la première sanction, bien que non immédiate, puisque la punition sera
effective dans l'autre monde (akhira). Cependant, il existe un hadith qui
promet aux enfants théologiquement responsables et désobéissants, c'est à dire
qui commettent des péchés capitaux, une punition dans ce bas-monde (voir
troisième partie).
Conclusion
Quels sont les
principes relationnels prônés par la conception arabo-islamique pour éduquer
autant les adultes que les enfants ? C'est à cette question auquel nous avons
tenté d'apporter quelques éléments de réponses, en puisant notre argumentation
des paroles et gestes prophétiques ainsi que des textes saints du Coran.
En définitive, la conclusion que l'on peut tirer est que ces
principes d'éducation sont centrées sur l'apprenant, sur celui qui ne sait pas
encore, et qui veut apprendre, ou celui qui est en état de faiblesse passagère
(dû à son âge, par exemple). De plus, plusieurs paramètres démontrent que la
qualité de l'apprentissage dépend de la qualité relationnelle émanant
initialement de celui qui détient la science, qui détient l'autorité.
III-
Harmonie familiale : source de l’équilibre psychologique de l’enfant
1) Un principe élémentaire : l’entente du couple
En nous penchant sur les textes
saints de la religion musulmane, on remarque l'abondance des hadiths et
des versets coraniques régissant les relations dans le couple et incitant donc,
à la bonne entente, et à l'harmonie familiale. C'est en effet, de cette
harmonie familiale que dépendra l'équilibre psychologique de l'enfant. Ainsi
si une incompatibilité profonde se manifestait entre le père et la mère de
l'enfant, ce dernier s'en trouverait atteint, et pour cause, il est le témoin
direct visuel et affectif des bonnes ou des mauvaises relations
qu'entretiennent ses parents. En définitive, il est un devoir des parents
musulmans de s'accorder mutuellement, et d'introduire l'affection et la sérénité
dans le cercle familial, et il est un droit de l'enfant de ressentir cette paix
extérieure et de l'intérioriser. Le Coran se prononce ainsi :{ C'est un des
signes divins que de vous avoir donné des compagnes tirées de vous-mêmes, pour
que vous éprouviez la paix auprès d'elles, et d'avoir établi entre vous
affection et tendresse } [Sourate 30 - Verset 21 ]
Sous cette même optique, l'islam permet le divorce (après
maintes tentatives de réconciliations établies clairement par le Coran), mais
déclare à travers le Prophète : " De toutes les choses qu'Il a
permises, il n'y en a pas de plus détestée pour Allah que le divorce " Car
ceci représente, bien évidemment, un échec pour le couple, et une atteinte
psychologique pour les enfants.
Comment les textes saints
ont-ils instauré cette entente ?
Et bien, en définissant les responsabilités de chacun des
membres du couple à travers des règles bien précises : et selon la pensée islamique,
toutes ces règles sont absolues et immuables, car émanant d'Allah .
Elles ne peuvent en conséquence, ni être remises en question,
ni être contestées par l'une ou l'autre partie, chacun devra s'y soumettre en
toute bonne foi, pour que règne justement cette harmonie familiale. Voici un
échantillon de ces règles selon les textes. Le Prophète a mentionné à chacun
ses droits en disant :
" Vous avez des droits sur vos femmes et elles ont les
leurs sur vous. Quelques-uns de ces droits sont communs, d'autres sont
particuliers à chacun d'eux. "
Parmi ces droits communs, on citera la fidélité, la
sincérité, l'amour, la confiance réciproque (...) les civilités usuelles, qui
comprennent la sérénité du visage, la douce parole, la bienveillance, le
respect.
" L'union conjugale ne fait que consolider et
affermir la fraternité basée sur la foi. Chacun des deux époux considère
l'autre comme une partie de lui-même " souligne Abou Baker Jaber Al Djazaïri.
2) Exemplarité et transmissions des repères
L'harmonie familiale selon la
pensée islamique se traduit aussi par une cohérence absolue de la foi à la
pratique, des paroles aux actes. Les parents sont, selon un hadith prophétique,
les délégués du Prophète auprès de leurs enfants, leur rôle est donc
d'être d'abord assidus à leurs pratique religieuse, qui dépasse le cercle
spirituel, puisque cette pratique se retrouve également dans la vie temporelle.
D'autre part, leurs actes doivent être conformes à leurs paroles, dans
le sens où une parole qui ne se prolonge pas en fait réel, n'est pas
convaincante, quant bien même elle serait vertueuse, et une parole
contredite dans les faits est nullement exemplaire.
C'est de cette manière que l'exemplarité des parents trouve
une résonance logique auprès des enfants, qui vont de toute façon intérioriser
ces valeurs, et en faire des repères fiables pour évoluer et construire leur
identité, et pour faire face à la vie extérieure ou sociale. Les parents
modèlent donc le comportement de leurs enfants en même temps qu'ils sont un
modèle pour eux.
Il y a donc intégration par l'enfant des valeurs et des
pratiques prônées et appliquées par les parents, celui-ci va d'abord
naturellement calquer son comportement sur celui de ses parents, c'est la phase
de l'imitation. Et c'est précisément à ce stade de développement de l'enfant,
que les textes recommandent aux parents d'apporter une attention particulière,
car c'est en bas âge que l'enfant a une aptitude particulière à recevoir les
bases de la religion, c'est aussi la phase du modelage de l'âme.
Cependant la construction de
l'identité de l'enfant ne va pas se fonder uniquement sur une observation
passive du comportement de ses proches, car lui aussi va agir, afin de
s'éprouver à travers l'autorité parentale. Amdouni affirme que l'enfant
"a de façon innée, le sentiment qu'il y a une différence entre le bien
et le mal et, parfois, il tente des expériences, essayant par tel ou tel
comportement de voir où se situe la limite entre les deux".
C'est pourquoi la présence parentale est primordiale, afin de le guider et
de le rassurer." Si, à ce moment-là, les adultes ne lui
sont d'aucun secours et ne lui font pas respecter la frontière entre le
comportement permis et celui qui ne l'est pas, l'enfant va devenir angoissé, ne
sachant pas où se situent les limites qu'ils présent pourtant"
Ainsi, la foi se vit chez l'enfant d'abord par imitation
avant de devenir un choix personnel, mais ce choix personnel doit être orienté
de façon habile et intelligible par les parents ; ces derniers vont contribuer
à nourrir le jugement de leur enfant par leur attention, leur affection, leur
science (d'où l'importance accordée à toutes les formes de savoirs utiles dans
la conception islamique) ce qui va nécessairement amener l'enfant sur la voie
du respect de lui-même, de ses proches, des prophètes, qui constituent pour lui
autant d'exemples, et bien sûr du respect de Dieu .
IV-La discipline dans la relation éducative
De façon
globale, la position qu’adopte la pensée islamique au sujet de l’homme et de
ses finalités dans la vie d'ici-bas, justifie l’importance attribuée à une
discipline rigoureuse et ferme dans la relation éducative.
En effet, l’Homme est un être de raison, qui a
été crée libre et responsable de ses actes, afin d’agir sur son entourage selon
des règles émanant d'Allah .
1) Responsabilisation progressive de
l’enfant ou sa préparation à la vie et à la mort
Responsabiliser
l’enfant signifie, sans équivoque, que ce dernier n’est pas considéré
initialement comme responsable de ses actes, et ce, jusqu’à ce qu’il atteigne
l’âge de la puberté. En effet, selon le Prophète Mohameddans un hadith rapporté par El Boukhari :
« Trois catégories de personnes sont
exemptées de toute responsabilité : l’individu qui est en état de sommeil
jusqu’à ce qu’il se réveille ; l’aliéné jusqu’à ce qu’il soit
guéri ;l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de puberté »
Toutefois, on comprendra bien que cette attribution de
cette charge ne va pas s’opérer du jour au lendemain ; il y aura une phase
transitoire pendant laquelle l’enfant apprendra progressivement à devenir
responsable, à travers une prise de conscience qui sera suscitée
quotidiennement dans des situations bien précises, par des impositions, des
interdictions ou a contrario, des permissions conditionnelles ou non, provenant
des personnes chargées de son éducation. Par conséquent, en tout état de fait,
en islam, si la responsabilité des enfants n’est pas prise en compte, ce n’est
que pour engager celle des adultes à leur égard, les efforçant à soigner leur
éducation à travers une discipline rigoureuse. Sur ce point précis, DRAZ
explique que « dès l’âge le plus tendre, le petit homme musulman doit être
habitué à se comporter, dans sa conduite personnelle, dans son rapport avec les
autres ou avec Allah , à quelque chose près, de la même manière
que l’homme ».
2) Quelques principes
fondamentaux de discipline
Pour qu’il y
ait un suivi et un respect des valeurs morales et sociales, voire religieuses
de leurs enfants, les parents doivent pratiquer une discipline à la fois souple
et inflexible, et ceci le plus tôt possible pour ne pas que leurs progénitures
se délient de leur culture islamique.
C’est ainsi que nous analyserons ce concept de
discipline à travers les différents textes religieux. Toutefois, une remarque
est à souligner : quand bien même la fermeté est exigée, l’islam rejette
toute forme de contrainte, de sévérité, de méchanceté gratuite à l’égard de
l’enfant, visant sans doute à l’humilier, car un acharnement physique ou
psychologique sur sa personne provoquerait l’effet contraire escompté, et ne
prendrait aucunement compte du respect
qu’il mérite en tant qu’être humain et créature d'Allah .
A travers les récits prophétiques évoquant la
discipline, nous avons souligné plusieurs éléments prônés par le Prophète
Mohameddont celui de la sanction. L’objectif
maintenant est de savoir comment doit-elle être attribuée et sous quelles
conditions, ensuite, nous verrons
justement cet aspect de la discipline, pratiquée avec fermeté mais
indulgence, nous évoquerons également le principe de renforcement positif,
enfin il sera question des remontrances.
a) Principe de sanction
Dans les milieux éducatifs de l’époque, c’est à dire
au temps du Prophète il était d’usage de répéter que « le
coup de canne du professeur valait mieux que le baiser des parents » [
Cité par Hamidullah ]. Cet esprit indique bien que les sanctions physiques
étaient largement tolérées, toutefois elles ont été scrupuleusement
réglementées par le Prophète Mohamedcraignant sans doute, des abus non justifiés
commis par les membres de sa communauté. C’est ainsi qu’il prononça ces
paroles : « Si l’un d’entre vous doit frapper, qu’il évite le
visage » [ Rapporté par Abou Daoud ]
Par ce hadith, on peu aisément comprendre qu’en
matière de châtiment physique, il est hautement recommandé, voire imposé à
l’éducateur d’éviter le visage de l’enfant, qui reste une zone sensible pour
les coups, aussi légers soient-ils. D’autre part, le fait de recevoir une gifle
est souvent ressenti comme une humiliation quand bien même l’acte serai
justifié.
Toutefois, une autre condition est exigée pour que la
sanction soit jugée recevable. Il s’agit de sa justification auprès de
l’enfant, tout en considérant que ce dernier avait connaissance des limites à
ne pas franchir. Par conséquent, il y a un ordre logique à respecter en cette
matière, qui fonde la relation éducative :
*premièrement
: établir les règles à ne pas outrepasser, les répéter si besoin est, par
des avertissements,
*deuxièmement
: punir l’enfant, au cas échéant,
*enfin :
justifier immédiatement la sanction.
b) Principe de fermeté mais d’indulgence
et de douceur
Nous avions expliqué dans la première partie, que
l’idéologie islamique en matière d’éducation rejetait ardemment la contrainte,
la dureté. « Nulle contrainte ne doit avoir lieu an matière de foi »
affirme le Coran.
La condamnation de la violence, de la dureté, de la
contrainte est établie dans les textes à travers deux idées essentielles ;
en premier lieu, un appel est lancé aux croyants de considérer autrui de la
même façon qu’ils aimeraient être considérés. D’ailleurs un hadith
stipule :
« Nul d’entre vous n’est vraiment croyant que
s’il souhaite pour son frère ce qu’il souhaite pour lui-même »
Bien évidemment, cette notion de fraternité est
employée pour souligner le lien qui unit tous les musulmans autour de la Conception et de la Loi divines. L’idée seconde
réside dans le fait que le musulman doit se soustraire à toute pratique
jugée injuste, au nom d'Allah. Ce principe, employé largement par les
hadiths, indique qu'Allah est le témoin de toute injustice.
c) Principe de renforcement positif
Pour compléter l’idée précédente, évoquons maintenant
le principe de renforcement positif qui, selon les hadiths, était une méthode
d’éducation largement employée par le Prophète Mohamed. Selon Hassan Amdouni
« Le Prophète ne critiquait jamais, ne disait jamais
« pourquoi t’es-tu comporté ainsi ? (…) « il semble avoir
utilisé essentiellement des renforcements positifs »
Lors de la relation éducative, l’éducateur fait état
d’une prémisse élémentaire : L’enfant est un être sensible qui a des
caractéristiques propres dont il faut tenir compte, par conséquent, il ne faut
ni le bousculer, ni lui tenir compte de ses faiblesses ou de ses oublis de
façon autoritaire et vindicative. Les reproches négatifs, les questionnements
relatifs à ses manquements par ignorance ou par étourderies sont à bannir, pour
faire place à des rappels à l’ordre, faits amicalement, et à des
éclaircissements lorsque les connaissances de l’enfant font défaut. Donc, pour
résumer cette idée, faire confiance à l’enfant pour qu’il corrige ses éventuels
manquements est un signe de respect vis à vis de sa personne.
d) Principe de remontrances faîtes dans
la discrétion
Dans le recueil d'El Boukhari , rapporteur de récits prophétiques, nous
pouvons lire dans la section « éducation » ce titre : On ne doit
pas réprimander ouvertement les gens.
Aïcha - Qu'Allah soit satisfait d'elle - a dit :
« Le Prophète avait fait une certaine chose, ce
qui impliquait qu’elle était tolérée, et cependant les fidèles s’en
abstenaient. Le Prophète ayant appris cela, monta en chaire, loua
Allah et dit : « Qu’ont donc les fidèles à s’abstenir d’une chose que
je fais moi-même. Par Allah, personne ne sait mieux que moi ce qu'Allah permet
et nul ne redoute le Seigneur autant que même. »
Abou Sa’id El Khoudri a dit :
« Le Prophète avait plus de pudeur qu’une jeune
fille vierge. Quand il voyait quelque chose qu’il réprouvait, nous nous en
apercevions à son visage. »
D’une façon générale, ces récits prophétiques sont des
illustrations significatives, car ils démontrent qu’en matière d'éducation, l’islam
rejette les remontrances faites ouvertement pour ne pas ridiculiser le fautif.
Bien évidemment, cette règle est préconisée dans toute forme de relation
éducative.
Pour mieux restituer les choses, la position de
l’éducation selon la pensée islamique, est pour le fait de blâmer l’enfant ou
l’élève fautif, mais de façon implicite et indirecte, car il n’y a rien de plus
humiliant pour l’enfant, qu’il soit fautif dans son comportement ou dans son
apprentissage, que les sarcasmes publics de l’éducateur.
V- La démonstration affective
La
pensée islamique établit un fondement qu’elle rend légitime bien qu’évident, en
ce qui concerne l’enfant : ce dernier qu’il soit fille ou garçon, est en droit
de recevoir de l’amour, de l’affection de la part de son entourage pour que son
épanouissement soit effectif.
Dans cette dernière sous-partie, notre objectif
est donc de démontrer, non pas qu’il faille au bonheur de l’enfant une quantité
non négligeable d’attention, d’affection et d’amour, car cela est un fait
établi, mais que l’islam partage largement ce point de vue, et qu’il dénonce
l’indifférence, la négligence ou le manque de sentiment vis à vis des enfants,
en général.
Trois points sont donc à considérer : d’abord il
s’agira d’évoquer l’importance de la démonstration affective des parents à
l’égard de leurs enfants, ensuite, nous verrons les récits prophétiques
concernant la bienveillance qui doit leur être attribuée, enfin nous ferons le
point sur la question de l’équité dans la relation éducative.
1) Importance de la démonstration d’amour
et d’affection
Là encore les hadiths abondent pour finalement
souligner quelques faits témoignant de la vie de l’époque ; les Arabes
n’étaient pas de « grands sentimentaux », puisqu’ils se cachaient de
l’affection qu’ils pouvaient éprouver vis à vis de leurs enfants, et
s’étonnaient ouvertement des élans d’attention et d’amour que le Prophète
Mohamed manifestait à l’égard de ses enfants, en
particulier, et des enfants, en général.
2) Importance de la bienveillance
En fait, que signifie être bienveillant envers les
enfants ?
Tel que nous l’entendons, cela signifie leur
manifester de l’intérêt, tant pour leur éducation, en la soignant, que pour
leur personne, qui reste non moins importante du fait de leur petit âge.
Le Prophète lui-même a dit :
« Honorez vos enfants et soignez bien leur éducation !
»
Ici le terme a une double signification : on peut
avant tout lui donner les synonymes tels que « respectez » ou « valorisez. »
3) Importance de l’équité dans la relation
éducative
On pourrait dire que le principe d’équité représente
le noyau dure de la pensée islamique, car il est le fondement même sur lequel
repose la relation à l’autre, et j’ajouterai au nom de Dieu, par conséquent «
l’islam ordonne aux musulmans d’être justes et équitables en parole, en actes
et en jugements.» (cité par Cheikh Sadek Mohammed Charaf.) Bien entendu, la
relation éducative n’échappe pas à ce principe, et nous nous rattacherons à ces
paroles prophétiques pour le confirmer :
«
Les justes seront auprès d’Allah, sur des trônes de lumière. Ce sont les
personnes équitables dans les jugements qu’ils rendent, qui sont impartiaux
dans leur famille, et envers ceux qui dépendent d’eux »
[ Rapporté par Moslem ]
[ Rapporté par Moslem ]
On peut également remarquer l’insistance avec laquelle
s’est exprimé le Prophète Mohamed pour inciter à la pratique de l’équité ceux
qui ont à leur charge l’éducation d’enfants (qu’ils soient parents, ou
professeurs. )
«
Soyez équitables envers vos enfants !
Soyez équitables envers vos enfants !
Soyez équitables envers vos enfants !
[ Rapporté par Hanbal ]
Soyez équitables envers vos enfants !
Soyez équitables envers vos enfants !
[ Rapporté par Hanbal ]
Mais que signifie explicitement « Soyez équitables
envers vos enfants ! » ?
Hassan Amdouni répond à cette question en disant
:
« Il s’agit d’être équitable en ce qui concerne
l’affection qu’on leur porte, les cadeaux et les récompenses qu’on leur donne,
le temps que l’on consacre à chacun, ainsi qu’en matière d’entretien
(nourriture, vêtements…) »
VI-CONCLUSION
De la même façon que l’adulte doit réserver à l’enfant
une relation authentique, basée sur la confiance, l’amour, le respect de sa
personne, l’enfant à son tour, par action réciproque, doit à son éducateur
autant, sinon plus qu’il n’a reçu de lui, c’est à dire respect,
bienveillance, dévouement, gratitude, obéissance…etc.
Tous deux doivent se lier pour agir sur ordre de Dieu (islam
= soumission), sinon par amour de Dieu. Les liens doivent se tisser entre les
êtres humains autour d’un Absolu Omniprésent et immuable, en vue de parfaire la
société dans laquelle ils vivent. Telle est la conception islamique, qui met en
avant des valeurs élémentaires, mais fondamentales pour une harmonie familiale
et sociale.
Ce qui nous a amené à cette conclusion, c’est d’abord
l’observation des relations établies et mises en œuvre par le Prophète de
l’islam .
En effet, sa tâche première était d’éduquer tout un peuple
inculte dans sa très grande majorité. De ces méthodes éducatives, sont nés des
principes propres à la conception islamique ; il s’agit de la Sunna, usage qui complète le
Coran.
La tradition prophétique nous enseigne donc, qu’à toute
approche éducationnelle, il faut mettre en avant des règles équitables pour
chaque individu qui reçoit le savoir : il s’agit de la justice, de la
douceur, de la patience, du respect, de l’amour…,