Les genres littéraires
I.
Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?
Les genres littéraires sont des catégories de la littérature déterminées en fonction de la forme
d’expression choisie (roman, pièce de théâtre, poème etc.), mais également du registre, du sujet, de l’atmosphère générale de l’œuvre (une pièce de
théâtre peut-être une comédie ou une tragédie).
II.
Les genres narratifs :
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La chanson de geste: long poème épique du Moyen Age.
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Le fabliau: Récit populaire du Moyen Age, amusant et satirique.
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L’épopée: Récit, embelli par la légende, des exploits de personnages
historiques luttant souvent pour un idéal, autour d’un chef, et sous l’œil de
Dieu; l’épopée, généralement violente, recherche les effets grandioses et
utilise l’antithèse, l’hyperbole, l’allégorie, le merveilleux.
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Le conte: Court récit en prose relatant une suite d’aventures imaginaires.
Les personnages, schématisés et/ou stéréotypés, et le déroulement de l’action
ont une valeur symbolique qui donne au conte une portée philosophique ou
morale.
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La nouvelle: Court récit en prose organisé autour d’une seule action
et comportant un petit nombre de personnages. La nouvelle cherche souvent à
saisir un aspect particulier de la vie réelle et s’attache à analyser les
réactions des personnages dans cette situation donnée. La chute de la nouvelle
surprend le lecteur.
·
Le roman: long récit en prose (ou au Moyen Age en vers), qui peut revêtir
de multiples formes (roman d’aventures ou d’analyse, roman épistolaire, etc.).
Son organisation traditionnelle autour d’une intrigue et de personnages a été
remise en cause au XXe siècle par les partisans du Nouveau Roman.
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Le roman courtois: Récit de chevalerie se déroulant à la
cour d’un seigneur et où l’amour d’un héros pour sa dame est essentiel.
III.
Les genres argumentatifs :
Argumentation directe :
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L’essai : Œuvre argumentative en prose, n’obéissant à aucune règle
contraignante ; il prend donc des formes variées. L’auteur peut s’y
exprimer à la première personne du singulier ou du pluriel, ou de manière plus
impersonnelle ; il adopte dans son propos une progression libre, il peut
mêler raisonnement général et récit d’expérience personnelle, art de convaincre
et art de persuader. L’essai correspond souvent à une démarche de recherche
intellectuelle : l’auteur tente, par l’écriture, de mettre ses pensées à
l’épreuve. Essai vient du latin exagium signifiant pesée, examen.
·
Le traité : Il s’agit d’un travail de démonstration plus
contraignant que l’essai, privilégiant rigueur et logique ; les marques de
la présence du locuteur y sont généralement plus discrètes que dans un essai.
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L’article de presse : Il a une visée argumentative quand son
auteur y exprime ses convictions. Il s’inscrit généralement dans un débat
politique, culturel, philosophique, lié à l’actualité.
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La lettre : Elle se prête au débat puisqu’elle
suppose un échange de l’épistolier avec un destinataire. La lettre ouverte
s’adresse à un groupe ou à tout lecteur potentiel, comme celui d’un journal.
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La préface : Placée en tête d’un ouvrage, elle permet
à son auteur de justifier son œuvre, d’exposer ses choix esthétiques ou
politiques.
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Le manifeste : Il constitue une déclaration dans
laquelle une personne ou un groupe présente ses conceptions, ses objectifs.
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La maxime : La maxime est un texte bref, une pensée
qui énonce une vérité qui se veut universelle. Elle se termine généralement sur
une saillie spirituelle de l’auteur.
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Le pamphlet : Discours souvent bref, il s’en prend
avec violence à un système, des institutions ou des personnes. Le pamphlétaire
dénonce une situation qui le révolte. Il privilégie souvent la violence
verbale, la satire, la caricature.
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Le sermon : Discours religieux, il incite
l’auditoire au respect de la parole divine et de la morale religieuse.
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Le discours oral : Harangue politique, discours officiel
lors d’une cérémonie, entretien d’une personnalité avec un journaliste, qu’ils
soient ou non publiés ensuite, relèvent de l’argumentation directe.
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Le dialogue philosophique : L’auteur y présente un face-à-face entre
plusieurs interlocuteurs discutant sur un même sujet et exposant, sur le mode
de la conversation, des arguments opposés ou divergents.
Argumentation indirecte :
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Le théâtre : Il permet confrontation des points de
vue par le moyen du dialogue, il place le spectateur en position de juge ou
d’arbitre, même si l’auteur oriente son jugement. Il permet également d’exposer
des conflits intérieurs par l’usage du monologue : un personnage, dans une
situation difficile, peut être conduit à exposer les arguments contradictoires
entre lesquels il se trouve partagé. On parle alors de délibération.
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Le roman : Un roman est parfois voué tout entier à défendre une idée,
une conception du monde ou de la société, ou à se livrer à un travail de
dénonciation. On parle alors de roman à thèse. Mais l’argumentation peut être
présente ponctuellement par exemple dans un dialogue ou dans une description
permettant de percevoir un jugement de la part du narrateur.
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La fable : Court récit en prose ou en vers, le plus souvent
accompagné d’une moralité énonçant la leçon qu’il convient de tirer du récit
àApologue.
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Le conte philosophique : Il prend la forme d’un récit de fiction en
prose, généralement plus court qu’un roman. Il vise à susciter la réflexion sur
les thèmes les plus divers (politique, religion, science, morale etc.) au
travers des aventures souvent peu vraisemblables des personnages. Ces derniers
sont souvent déterminés par un nombre de traits limités. Le conte philosophique
privilégie l’usage du comique, par exemple en soulignant le ridicule d’un
comportement ou d’une institution. Il a fréquemment une portée satirique.
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L’utopie : Le mot utopie, inventé par Thomas More en
1515, signifie en grec à la fois « lieu de nulle part » et
« lieu du bien ». Dans une utopie, l’auteur présente un pays
imaginaire dans lequel les hommes sont parvenus à créer un système politique et
social proche de l’idéal, ou parvenant à supprimer les injustices et défauts
majeurs du monde réel dans lequel vit le lecteur.
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Le voyage imaginaire : Ce type de récit raconte les aventures de
héros découvrant des pays aux caractéristiques étranges ou merveilleuses. Le
lecteur est amené à percevoir les analogies et les oppositions entre ces mondes
et celui dans lequel il vit.
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La satire : La satire est une forme d’origine latine (satura :
mélange) qui mêle dialogue, apologue, caricature, anecdote ou discussion :
elle traite de sujets variés et son auteur tourne en dérision les vices et les
ridicules des hommes de son temps.
IV.
Les genres / formes poétiques
Au XVIIe siècle, les usages de la poésie
sont fixés par des lois rigoureuses, codifiées par François de Malherbe et
Nicolas Boileau. Ils imposent les règles suivantes :
-L’alternance des rimes féminines et
masculines.
-Le rejet et l’enjambement sont condamnés.
-Une césure forte est de rigueur, marquées
si possible par un élément de ponctuation.
Les formes fixes :
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Le rondeau date du Moyen Age. Il est mis en musique
pour danser une ronde, c’est une forme brève sur trois strophes, généralement
écrites en octosyllabes, les strophes 2 et 3 reprennent en refrain le début du
premier vers.
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La ballade est une chanson à refrain de thème
lyrique. Construite sur trois rimes, elle est composée de trois huitains en
octosyllabes et d’un envoi, demi-strophe finale.
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Le sonnet, importé d’Italie est la forme propre à la pléiade. Il est
constitué de quatre strophes : deux quatrains de rimes embrassées (ABBA)
et deux tercets sur trois autres rimes (CDE).
-Le sonnet italien est construit sur le schéma
suivant : ABBA ABBA CCD EED
-Le sonnet français est construit sur le schéma :
ABBA ABBA CCD EDE
Le dernier vers du sonnet est souvent en
pointe (effet de surprise à la fin du texte).
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Le pantoum : Genre d’origine malaise écrit en
quatrains ; le deuxième et quatrième vers de chaque strophe se répètent au
premier et au troisième vers de la strophe suivante.
Les formes régulières :
Les poèmes de forme régulière se
définissent par leur thème.
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La fable, poème didactique ou satirique utilise l’hétérométrie (différents
mètres).
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L’ode est un poème lyrique composé de strophes
longues aux rimes identiques.
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L’idylle et l’églogue forment de petits poèmes amoureux dans
un cadre pastoral.
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L’élégie est un poème lyrique qui exprime une
plainte ou une méditation. Genre inventé dans l’Antiquité, composé de couplets
de deux vers d’inégales longueurs (distique élégiaque).
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Le blason, poème en vogue au XVIe siècle, décrit tout ou partie du
corps féminin.
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L’épigramme : poème bref terminé par un trait
mordant : la pointe.
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Le lai : le lai narratif se présente comme un conte
merveilleux en vers suivis, destiné à être chanté. Le lai lyrique chante
souvent l’amour sous la forme d’une suite de couplets qui n’ont pas la même
largeur et qui reposent sur l’alternance de deux rimes.
·
L’hymne : Poème chanté qui, dans l’Antiquité,
célébrait un dieu. Dans la poésie française, souvent écrit en alexandrins, il
se prête au traitement de sujets religieux, historiques et philosophiques.
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La stance : Strophe lyrique qui de prête à l’élégie ou
à la méditation. Parfois synonyme de strophe.
Les formes libres :
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Le poème en prose : Genre né de la rencontre entre la prose
rythmée et harmonieuse des genres oratoires antiques et les images évocatrices
que permet la poésie. La cohésion de cette forme, souvent brève, est notamment
assurée par les sonorités. Affranchi des contraintes formelles, le poème en
prose se présente sous la forme de paragraphes, ou strophes, composés de
versets et d’adapte librement au sujet qu’il traite.
·
Le poème en vers libres : Le vers libre n’obéit pas à une structure
régulière : ni mètre, ni rime, ni strophe. Le vers libre se caractérise par
la recherche du rythme le plus adapté à la création du poète. Surtout employé
depuis la fin du XIXe siècle (symbolisme), ce vers est caractéristique de la
poésie moderne. La ponctuation est souvent absente, ce qui permet toutes les
modulations du rythme et multiplie les interprétations.
V.
Les genres théâtraux
La comédie :
La comédie remplit une fonction de
critique sociale tout en visant à divertir son lecteur / spectateur. Il s’agit
pour l’auteur de tourner en dérision les vices et défauts des hommes.
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La farce : La farce est apparue dès l’Antiquité et a
perduré jusqu’au XVIIe siècle. Elle se distingue par ses thèmes grossiers et
ses schémas d’intrigues simplistes (sexualité, corps, histoires de tromperie,
etc.)
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La commedia dell’arte : Cette sous-catégorie de comédie est
apparue au XVIe siècle en Italie et met en scène des personnages types tels
qu’Arlequin, Colombine ou Pierrot par exemple. Les comédiens improvisent autour
d’une trame déterminée en amont.
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La comédie-ballet : La comédie-ballet est apparue et s’est
essoufflée au cours du XVIIe siècle. Dans ce type de comédie l’action des
personnages est mêlée de musique et de danse. L’opéra lui a ensuite succédé en
tant que genre propre.
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La comédie classique : Bien qu’étant calquée en partie sur les
règles de composition de la tragédie classique, la comédie classique présente
les caractéristiques suivantes : elle est le plus souvent rédigée en
prose, met en scène des personnages de classe sociale moyenne voire basse
(bourgeois, servantes, valets etc.) et correspondant à des « types »
critiquables (avarice, gourmandise, couardise, etc. ). Toutes les formes de
comique peuvent y figurer (geste, paroles, situation, caractères) et son
dénouement est obligatoirement heureux. Elle s’inscrit dans les registres
comique et satirique.
La tragédie
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La tragédie classique : La tragédie classique trouve ses origines
dans la tragédie grecque dont Aristote a défini les préceptes. Les auteurs
dramatiques du XVIIe siècle s’en sont inspirés pour déterminer les règles de
composition d’une tragédie en bonne et due forme, et notamment Boileau dans son Art poétique qui évoque les préceptes de :
-Bienséance
-Vraisemblance
-Unité (règles des trois unités :
action, temps et lieu).
La tragédie classique est rédigée en
alexandrins et comporte quatre ou cinq actes. Ses personnages sont nobles,
confrontés à leur destin tragique et à des forces supérieures qui les
dépassent. Ils sont inspirés de l’histoire ou de la mythologie. La tragédie
peut s’inscrire dans les registres suivants : tragique, pathétique,
lyrique, épique.
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La tragi-comédie : La tragi-comédie existait dans la Rome
antique et Plaute en était l’un des représentants. Il s’agit d’une tragédie qui
trouve une issue heureuse et dans laquelle le tragique et le comique sont
mêlés. Reprise au début du XVIIe siècle, elle a très vite été évincée, laissant
place à la tragédie classique, préférée des auteurs car plus conventionnelle.
Le drame :
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Le drame bourgeois : Le drame bourgeois est apparu au XVIIIe
siècle et met en scène des personnages banals, issus d’une classe sociale
moyenne : la bourgeoisie. Il montre généralement l’intimité de la famille
et se veut proche de la réalité. Sa visée principale est de faire réfléchir le
spectateur et de lui délivrer une forme de morale. Les registres comique, tragique
et pathétique peuvent s’y retrouver.
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Le drame romantique : Le drame romantique est né au XIXe siècle,
d’une volonté commune de se libérer des préceptes de la tragédie classique qui
ne permettait pas la vraisemblance selon les dramaturges de l’époque. Genres et
registres y sont mêlés, ainsi, le comique et le tragique s’y côtoient, mais
aussi d’autres registres tels que l’épique par exemple. Le personnage principal
est tantôt noble, tantôt modeste et est peint dans tout son individualisme.
Autres genres théâtraux modernes :
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Le vaudeville : Le vaudeville est une forme de comédie
légère qui met en scène des intrigues amoureuses à rebondissements multiples.
C’est un genre populaire qui a pour unique but de divertir son public /
lecteur.
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Le théâtre d’idées ou théâtre engagé : Ce type de théâtre a pour but de délivrer
des idées philosophiques, sociales ou politiques.
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Le théâtre de l’absurde : Le théâtre de l’absurde est né après la
Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de résignation et d’incompréhension
du monde. Il se libère du découpage traditionnel en actes et mise sur les
didascalies qui deviennent de plus en plus nombreuses et précises. Les
individus sont montrés dans un monde qui manque de sens, le langage est
insignifiant et les gestes priment. Le théâtre de l’absurde « rit
jaune » et s’inscrit dans une forme de comique amer.