Stratégie de développement agricole : le Plan Maroc Vert
L'agriculture au Maroc
Au Maroc,
l'agriculture constitue un secteur important pour le développement économique
et social. Réunissant près de 1,5 million d'agriculteurs, le secteur contribue
au PIB national à hauteur de 15 % et génère près de 40 % de l'emploi.
Grâce aux efforts conjugués du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche
Maritime et des professionnels du secteur, l'évolution du PIB agricole (PIBA)
est en hausse constante depuis l'année 2000. Depuis 2009, ce dernier se
maintient au-dessus du seuil de 100 milliards de dirhams par an, contre une
moyenne de 75 milliards avant 2008. Ces bons résultats s'expliquent
principalement par une forte mobilisation des acteurs du secteur autour du plan
Maroc Vert.
Le Plan Maroc Vert
Lancé en avril
2008 par Sa Majesté le roi Mohammed VI, l'ambitieux Plan Maroc Vert (PMV) a
pour objectif de faire du secteur agricole un levier prioritaire du
développement socioéconomique au Maroc. Cette stratégie se place dans la
continuité de plusieurs chantiers majeurs sur le plan national tels que la
création d'emploi, la lutte contre la pauvreté ou la protection de
l'environnement.
Adoptant une
approche globale, le PMV inclut l'ensemble des acteurs du secteur agricole. Il s'appuie
sur un renforcement des investissements et une meilleure intégration des
filières amont et aval. L'objectif est d'assurer la sécurité alimentaire et de
développer la valeur ajoutée, tout en limitant l'impact des changements
climatiques et en préservant les ressources naturelles. Le PMV vise également à
promouvoir les exportations des produits agricoles et à valoriser les produits
du terroir marocain.
Le PMV repose
sur deux piliers : le Pilier I, qui cible l'agriculture moderne et à forte
valeur ajoutée, et le Pilier II, dédié aux agriculteurs en situation précaire.
L'objectif du Pilier I est de consolider et de développer une agriculture
performante, adaptée au marché, en favorisant les investissements privés et les
nouveaux modèles d'agrégation équitables. Ce pilier concerne 700 à 900 projets
et représente 110 à 150 milliards de dirhams d'investissement sur 10 ans. Le
Pilier II, quant à lui, vise à lutter contre la pauvreté en milieu rural en
augmentant significativement le revenu agricole dans les zones les plus
défavorisées. 550 projets solidaires seront réalisés dans le cadre du Pilier
II, pour un investissement de 15 à 20 milliards de dirhams sur 10 ans.
Un meilleur encadrement du secteur
Plusieurs
réformes ont été initiées pour améliorer l'encadrement du secteur, adapter le
service public et assurer la bonne gouvernance de la politique agricole. De
nombreux contrats programmes et des mesures d'accompagnement ont ainsi été
adoptés. Le Fonds de Développement Agricole a aussi été réformé afin de couvrir
l'amont et l'aval des filières de production végétales et animales,
l'irrigation localisée et les projets d'agrégation.
En parallèle,
différents projets ont été lancés pour mieux informer les professionnels :
le système d'information « ASSAAR » (monitoring des prix agricoles),
le géoportail d'information géographique agricole et une hotline pour les
agriculteurs.
D'importants moyens financiers déployés
Dans le cadre du
PMV, l'État a mobilisé près de 66 milliards de DH pour la
période 2009-2015. En complément, le PMV a également bénéficié du Fonds
Hassan II (800 millions de DH en quatre ans) et du Fonds de Développement Rural
(FDR). Dans le cadre de cette politique d'investissement, les banques
nationales ont développé des solutions de financement adaptées aux besoins des
agriculteurs. Confiants vis-à-vis du PMV et du potentiel de l'agriculture
marocaine, les partenaires financiers internationaux ont, pour leur part,
beaucoup contribué au financement du PMV. La contribution des bailleurs de
fonds multilatéraux et bilatéraux s'élève à 12,3 milliards de DH (accords
signés ou en cours de signature), dont environ 5,3 milliards de dons et 7
milliards de prêts.
Un bilan très positif
5 ans après son
lancement, le PMV a déjà donné des résultats tangibles : 31 milliards de
dirhams de fonds publics ont été investis, ainsi que près de 22 milliards de
fonds privés. Le nombre des exploitations est passé de 200 000 à 1,7
million, tandis que la superficie plantée enregistre une hausse de 11 %
par rapport à 2005-2007. La production agricole a, quant à elle, augmenté de
43 %, soit 43 millions de tonnes supplémentaires. Au cours de cette même
période, 333 000 hectares ont été équipés de mécanismes d'irrigation
localisée (soit une hausse de 79 %) et le niveau de mécanisation s'est
relevé de 36 %.
En ce qui
concerne les retombées socio-économiques, le Produit Intérieur Brut Agricole et
l'emploi agricole enregistrent respectivement 32 % et 23 % de hausse.
Par ailleurs, 17 contrats programmes, spécifiques à chaque filière, ont été
conclus entre l'État et les professionnels. 16 contrats agricoles régionaux ont
également été mis en place avec les partenaires locaux. Le secteur s'est aussi
structuré avec la création de 20 groupements d'intérêt économique et plus de
430 coopératives agricoles. Dans le cadre de la promotion des exportations,
plusieurs accords agricoles sont en cours de négociation (Canada et UMA) ou de
révision (Turquie).
Le plan a
également permis de développer une agriculture équitable et respectueuse de
l'environnement, grâce à de nombreuses initiatives (bonnes pratiques agricoles,
reconversion des cultures, économie de l'eau, gestion écosystémique, lutte
contre la désertification...). Une nouvelle assurance multirisque contre les
aléas climatiques a été créée au profit des petits agriculteurs qui bénéficient
de subventions pour leurs cotisations. Patrimoine national à valoriser, les
produits du terroir ont fait l'objet d'un important programme :
labellisation, études de marché, R&D, soutien aux petits producteurs, aide
à l'exportation…
Perspectives
D'importantes
mesures seront mises en place dans les mois et années à venir afin de
consolider la dynamique du Plan Maroc Vert. La réforme de la R&D et de
la formation agricole constitue un axe prioritaire pour assurer le développement
du secteur à travers la diffusion des sciences et techniques agronomiques et
vétérinaires. Autre chantier mené : la restructuration du Conseil
Agricole qui permettra de responsabiliser les différents acteurs et
d'autonomiser progressivement les agriculteurs. Par ailleurs, l'assurance
agricole multirisque sera étendue à l'arboriculture fruitière et aux
exploitations de plus grande superficie.
En parallèle,
sera lancé un large programme de modernisation des abattoirs et des marchés de
gros. Afin de mieux intégrer la chaîne de valeur du secteur agroindustriel, 6
agropoles seront créés dans les régions de Meknès, de l'Oriental, du Tadla, du
Souss, du Haouz et du Gharb.
Dans le cadre du
Partenariat Public Privé (PPP) sur le foncier, l'État poursuivra son
désengagement de la gestion des terres agricoles, avec le lancement d'une
quatrième tranche de 20 000 ha axée sur les petits et moyens projets.
Enfin, le
Ministère de l'Agriculture organisera le prochain recensement agricole d'ici
2014.