La
censure est la limitation arbitraire
ou doctrinale de la liberté d'expression de chacun. Elle passe par
l'examen du détenteur d'un pouvoir (étatique, religieux...) sur des livres,
journaux, bulletins d'informations, pièces de théâtre et films,etc, avant d'en
permettre la diffusion au public. Par extension, la censure désigne différentes
formes d'atteintes à la liberté d'expression, avant et/ou après leur diffusion
(censure a priori et a posteriori). On distingue la censure
politique (limitation par le gouvernement de la liberté d'expression) de la censure
indirecte, non officielle, mais sous forme de pression, en particulier une
forme de censure économique (due notamment à la concentration des médias, etc.) ; on
peut aussi ajouter les phénomènes d'autocensure.
La
censure peut aussi être institutionnelle ou sociale par la privation de
l'information disponible à des particuliers ou à un groupe. Cette forme de censure
peut se justifier dans certains cas pour des raisons médicales (voir psychiatrie)
mais elle prend majoritairement une forme négative. La censure positive peut
prendre aussi la forme de censure liée à l'âge. Un tel type de censure positive
comporte par exemple la classification de film selon la thématique. (voir pornographie
et violence)
Il s’agit du contrôle qu’exercent les pouvoirs publics ou les
instances religieuses sur les médias. L’interdit
de publier, d’afficher ou de diffuser de l’écrit, de la parole, ou de l’image,
est de tous les siècles et de tous les régimes. S’agissant de vérifier,
recenser, normaliser tout savoir en matière de "moralité sexuelle",
aux côtés des prohibitions
inspirées par les milieux confessionnels, la censure civile s’exercera au nom
de la décence et de la protection des mineurs.Censure par les autorités religieuses
Les
autorités de l'Église catholique romaine nommaient des censores librorum
chargés de s'assurer que rien de contraire à la foi ne puisse être publié.
Cette première étape de vérification était sanctionnée par le Nihil obstat
(pas d'obstacle à la publication). Une deuxième étape permettait à l'évêque de
donner son autorisation d'imprimer (Imprimatur,
« qu'il soit imprimé ! »). En 1515 lors du Ve concile du Latran, le pape Léon X,
ordonne qu'à l'avenir personne n'ose imprimer ou faire imprimer un livre dans
quelque diocèse
que ce soit, sans qu'il n'ait été examiné avec soin par l'évêque ou
son représentant, sous peine d'excommunication.
En 1559 l'inquisition
établit l'Index Librorum Prohibitorum, liste
de livres interdits aux personnes non averties. Celui-ci perdurera jusqu'au
concile Vatican II.
Censure par les autorités civiles
En 1534, après avoir été excommunié
et proclamé chef de l'Église d'Angleterre, le roi Henri VIII instaure l'obligation d’obtenir
une approbation de son conseil privé avant qu'un livre ne puisse être imprimé.
Sous le règne d'Élisabeth Ire, le Master of the
Revels est chargé d'approuver les pièces de théâtre. En 1662, le parlement anglais
vote le licensing act.
Suite
à l'affaire des Placards (18 octobre 1534), le roi François Ier qui était
jusqu'alors favorable aux idées nouvelles, ordonne la chasse aux hérétiques
et promulgue un édit contre les imprimeurs insoumis. En 1629, Richelieu
laïcise la censure jusqu'alors sous la responsabilité de l'Église catholique.
Dans
la France d'Ancien
Régime, la censure royale s'exerce sur les journaux : par exemple,
sous Louis
XVI toute publication d'un article dans la presse est soumise à
l'autorisation du gouvernement[1] : 160 lecteurs
professionnels étaient chargés de relire les textes[1]. Les livres censurés
étaient confisqués, les journaux pouvaient être suspendus[1]. Les auteurs pouvaient être
internés à la Bastille, comme Voltaire en 1717 ou l'abbé
Morellet. Parmi les écrivains du XVIIIe siècle dont les livres
furent les plus saisis par les autorités figurent Jean-Jacques Rousseau, l'abbé
Raynal et Helvétius[1].
Pendant
la Révolution française, la déclaration des droits de
l’homme et du citoyen du 26 août 1789 affirme
solennellement : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions,
mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public
établi par la loi. » (article 10) et « La libre communication
des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de
l’homme ; tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à
répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi. »
(article 11). En d'autres termes, on peut sanctionner une publication,
mais en aucun cas empêcher celle-ci.
En 1810, un décret de Napoléon rétablit officiellement la censure.
Suit une succession de suppression et de rétablissement de la censure. Les
articles ou dessins censurés étaient alors remplacés par des « blancs ».
La censure disparaît officiellement lors de la promulgation
de la Loi sur la liberté
de la presse du 29 juillet 1881. Cette loi confie au système judiciaire l'essentiel
du contrôle des informations publiées en France. Ce contrôle s'effectue après
diffusion ce qui limite les abus de pouvoirs. Toutefois, la censure théâtrale
subsiste jusqu'en 1906.
La
censure n'a jamais été officiellement rétablie en France, sauf en temps de
guerre, notamment lors des deux guerres mondiales, avec le retour des
« blancs » dans les pages. Sous le régime
de Vichy, on alla plus loin et la censure devint préventive. Ainsi les
directeurs de journaux recevaient-ils de l'autorité compétente des consignes
sur les informations à mettre en évidence en première page, à éliminer, ou à
réduire à l'état d'entrefilets dans les pages les moins lues (Le Canard enchaîné à ses début dut se
débattre contre la censure en adoptant son ton ironique pour la détourner, de
nombreux articles, même anodins, étant censurés). Pour la guerre d'Algérie le pouvoir innova et décida de
saisir les journaux (notamment ceux qui évoquaient les actes de torture).
Pour
la censure en France après 1962, voir plus bas ainsi que l'article détaillé Censure
en France.
Censure postale
La
censure occulte des correspondances a été pratiquée dans toute l'Europe, à
partir de l'ouverture des postes royales aux particuliers, malgré la reconnaissance
officielle du secret des lettres, et ce par tous les régimes, jusqu'à la fin du
règne de Napoléon III (cf. Cabinet
noir). La censure postale a cependant été rétablie en temps de guerre
par les différents belligérants au nom de leur intérêt national, mais elle l'a
alors été de façon ouverte, avec apposition de diverses marques de censure et
bandes de fermeture (cf. Histoire
postale).