Introduction
La population du Maroc s’est accrue en moyenne de 2,1%
l’an entre 1972 et 2002.
Toutefois, son rythme de progression a marqué un
ralentissement, passant de 2,3% entre 1980 et 1991 à 1,7% au cours de la
période 1992-2002. Cette évolution s’est accompagnée d’une expansion de la
population active dont le rythme d’accroissement annuel est passé de 2,8% entre
1982 et 1994 (années de recensements) à 3,2% entre 1994 et 2002.
D’après les projections démographiques du CERED3, la
population totale marocaine devrait croître au rythme de 1,45% par an entre
2002 et 2010. Cette progression s’accompagne d’une déformation importante de la
structure par âge de la population : la part des moins de 15 ans dans la
population totale baisse de 4,4 points (26,6% en 2010) alors que
la part des plus de 65 ans, qui atteindra 5,8% en
2010, augmente de 0,7 point. La population d’âge actif (de 15 ans à 64 ans)
croîtrait au taux annuel moyen de 2,2% entre 2002 et 2010.
La croissance économique s’est ralentie au cours des
années 90, passant de 4,1% sur lapériode 1982-1994 à 3,4% entre 1994 et 2002,
suite à la succession des années de sécheresse et à un environnement
international défavorable au cours de cette période. Le taux de chômage a
évolué d’environ 12% en 1990 à 16% en 1995 avant
d’enregistrer une baisse en régime à partir de 1996
pour atteindre 11,6% en 2002. En milieu urbain, ce taux reste élevé, passant de
18,1% au cours de la période 1990-1995 à 19,4% sur la période 1996-2002 en
liaison avec les distorsions du marché de travail.
Le défi économique majeur pour le Maroc consiste donc
à accélérer la croissance économique par une accumulation rapide et une
productivité accrue et à faire face aux rigidités du marché du travail et aux
distorsions du système éducatif afin d’absorber les nouveaux arrivants et les
chômeurs existants.
La présente note met en évidence les principales
caractéristiques de la population, de l’emploi et du chômage au Maroc. Elle
présente également leurs perspectives d’évolution à moyen terme, à mettre en
évidence le défi et les réformes qui s’imposent.
1. La démographie
Dès le début des années 80, le Maroc est entré en
phase de ralentissement démographique et ce, d’une façon relativement rapide.
La croissance démographique a ralentide 2,6% en 1980 à 1,6% en 2002.
Au cours des trois dernières décennies, la population
marocaine a plus que doublé, évoluant de 15, 4 millions en 1971 à 29, 6
millions en 2002.
En 2002, la population d’âge actif représente plus de
64% du total (19 millions). Les
personnes âgées de plus de 65 ans représentent une
part faible par rapport au total (5%).
L’évolution de l’emploi au Maroc
La baisse tendancielle du rythme de croissance de
l’économie nationale au cours de la
décennie 90 s’est répercutée sur l’évolution de
l’emploi au Maroc et s’est accompagnée d’une
aggravation du chômage essentiellement en milieu
urbain.
Le Maroc a connu, par le passé, de forts taux de
croissance démographique. Il en est
résulté une croissance de la population active de 3,3%
l’an en moyenne entre 1995 et 2002.
Cette évolution a été plus rapide pour les femmes
(5,9%) que pour les hommes (2,6%). Le
taux d’activité7 est passé ainsi de 47,3% en 1982 à
50,7% en 2002.
Baisse de l’emploi des jeunes de moins de 15 ans et
augmentation de celui des femmes
La population active occupée est constituée en 2002,
au niveau national, de 49,5% de
personnes âgées de 25 à 44 ans. La part des jeunes de
moins de 15 ans a baissé de 7,7% en1982 à 3,3% en 2002.
La participation de la femme à l’emploi a progressé de
19,7% en 1982 à 25,2% en
2002, particulièrement en milieu rural où le taux de
féminisation de l’emploi est passé de
16,6% à 29,2% entre 1982 et 2002.
Niveau de chômage élevé
Le taux de chômage a connu une forte augmentation au
début des années 90, passant de 12% en 1990 pour atteindre 16% en 1995, avant
d’enregistrer une baisse en régime à partir de 1996, année de mises en oeuvre
de mesures favorables à l’emploi (charte de l’investissement, mise en oeuvre
des programmes formation insertion, etc.).
En milieu urbain, le taux annuel moyen du chômage
urbain est passé de 15,1% entre 1985 et 1990 à 19% entre 1991 et 2002. La
population urbaine au chômage a crû en moyenne de 4,5% par an entre 1991 et
2002 contre 2,5% par an entre 1985 et 1990.
L’analyse de la structure du chômage par tranche d’âge
montre que la population laplus touchée est celle des actifs de 15 à 24 ans, ce
qui révèle une «crise» du premier emploi.
Les autres tranches d’âge ont connu également une
hausse du taux de chômage avec une
prolongation de la durée de chômage pour les actifs de
24 à 44 ans et des pertes d’emploi pour
les actifs de 45 à 59 ans.
Le taux de chômage est également plus important parmi
la population active féminine qui est affectée davantage que les hommes. Ainsi,
le taux de chômage des hommes a crû de 3,3 points entre les périodes 1985-1990
et 1991 et 2002 pour atteindre 16,9%, alors que parmi la population active
féminine il a enregistré une hausse de 6 points, pour atteindre 25,5%. Cette
aggravation est consécutive entre autres, à l’atonie de l’activité économique
conjuguée à l’ampleur du flux migratoire vers les
zones urbaines accentué par les sécheresses
récurrentes, à la participation accrue de la femme
dans la vie active et à la pression
démographique naturelle.
Définition du chômage
Etymologie : du latin caumare, se reposer pendant la chaleur, venant du grec kauma, chaleur brûlante.
Le chômage est la situation d'une personne qui, souhaitant travailler et ayant la capacité de le faire (âge notamment), se trouve sans emploi malgré ses recherches. L'absence d'emploi peut résulter d'une entrée dans la vie active, du désir de retrouver un emploi après une période d'inactivité, d'un licenciement, d'une démission volontaire ou d'un désir de changer d'activité.
Le taux de chômage est le rapport entre le nombre de chômeurs et la population active ("l'ensemble des individus exerçant ou déclarant chercher à exercer une activité rémunérée", selon la définition de l'INSEE).
Du point de vue économique, le chômage est interprété comme la résultante d'un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché du travail.
Plusieurs formes de chômage peuvent être distinguées :
- Le chômage naturel (ou frictionnel) est dû au fait que chaque jour il y a, pour diverses raisons, de nouveaux demandeurs d'emploi, et qu'il y a toujours un temps de battement entre le début de la recherche de l'emploi et l'entrée dans un nouvel emploi. Un taux de chômage nul ne peut donc être atteint. Le plein emploi est considéré comme atteint lorsque le taux de chômage se situe aux alentours de 3,5% à 4%.
- Le chômage conjoncturel (ou keynésien) correspond à un ralentissement de l'activité économique provoquant une réduction temporaire des besoins de main d'oeuvre dans l'économie. Les entreprises licencient pour adapter leur capacité de production à la baisse de l'activité économique. Le chômage conjoncturel se résorbe avec le retour de la croissance économique qui nécessite des embauches de la part des entreprises.
- Le chômage structurel est lié à des changements de structures économiques dans un pays, provoquant une inadéquation qualitative entre l’offre et la demande de travail. L'évolution des qualifications dues aux évolutions techniques conduit à rendre inemployable une partie de la population active qui ne trouve plus d'emplois correspondant à ses qualifications.
- Le chômage technique, au sein d'une entreprise, découle de l'impossibilité pour d'autres secteurs d'activité ou d'autres entreprises de lui fournir les éléments nécessaires à la fabrication de ses produits.
- Le chômage partiel peut être provoqué par une baisse d'activité anormale de l'entreprise qui est obligée de réduire les horaires de travail.
- Le chômage saisonnier concerne certaines branches professionnelles dont l'activité varie sensiblement selon les périodes de l'année.
La définition du chômage comprend de nombreuses variantes et est sujette à des controverses théoriques ou statistiques. En France le chômage est mesuré de deux manières différentes :